Les Geisha, aussi appelées Geiko dans la région de Kyôyô, sont ce qu'on pourrait appeler des femmes de compagnie japonaises.
Le mot Geisha, 芸 gei (art) + 者 sha (personne) aboutie à "personne d'art"
si l'on traduit mot à mot.
Car c'est bien ce qu'elles sont : des personnes transmettant leur art.
Si le cliché de la geisha prostituée à la vie dure, il n'a pourtant absolument rien à voir avec la réalité.
Une geisha vend son art et non son corps : elle danse, joue du shamisen, tient une discussion, sert à boire à son interlocuteur, le tout étant destiné à une clientèle plutôt aisée.
Mais en aucun cas elle n'a de relation sexuelle avec ses clients. Sinon, ce n'est pas une geisha, c'est une prostituée.
Les dates divergent quant à leur apparition, passant tantôt du 13ème au 17ème siècle...
Une chose semble être sûre, c''est qu'à la base les geisha étaient des hommes : les "taikomochi" ou encore "hōkan" correspondant à nos bouffons du Roi Européens,
Ils étaient chargés de divertir les Daimyô (seigneurs féodaux) avant que la pratique ne se généralise au peuple, pour qu'ensuite les hommes passent le flambeau à la gente féminine.
En effet, avec l'ouverture des maisons de thé au 16ème siècle on voit alors apparaitre les 1ères "onna-geisha" (geisha femme) qui vont ainsi voler la vedette aux hommes obligés de se renommés "otoko-geisha" (homme geisha) afin de se différencier des femmes.
Leur situation fut bientot officialisée, et ainsi le métier de geisha devint à part entière.
Les geishas se faisaient alors recensées dans un bureau d'enregistrement, et il était bien indiqué que seules les prostituées étaient autorisées à avoir des rapports sexuels avec leurs clients.
[center]Les premières Geisha sont apparues dans la ville de Kyôtô, considérée traditionnellement comme la ville des geishas, car c'est bien là bas qu'elles sont les plus nombreuses aujourd'hui encore.
Contrairement à ce qu'on peut penser, une fois le cliché de la trainée passé, la vie d'une geisha n'est pas facile tous les jours pour autant.
Déjà, il s'avère que certaines familles pauvres vendaient leurs filles à des "okiya" (ce qu'on pourrait appeler des maisons de geisha) afin qu'elles s'occupent de leur éducation à leur place faute de moyens.
Leur vie ne leur appartiennent donc pas.
Les "okiya" sont regroupées dans ce qu'on appelle des "hanamachi" (ville fleur) qui sont, pour ainsi dire, les quartiers où exercent les geisha.
(le quartier de Gion à Kyoto restant le plus connu de tous).
L'okiya se compose principalement de femmes, et très peu d'hommes y sont autorisés (par exemple les habilleurs peuvent entrer).
On retrouve à la tête de cette famille recomposée une "okaa-san" (mère) qui est en charge de la maison, les geishas sont ses filles, et entre elles deviennent des grandes ou petites sœurs.
Tous les gains de la geisha iront pour l'okiya, elle nourrira ainsi avec ses sœurs tous les membres de la "famille", permettant aussi l'achat de nouveaux kimonos, du maquillage...
Plus l'okiya sera riche, et mieux se sera.
Si la okaa-san a une fille légitime, elle pourra lui transmettre l'okiya, voir adopter une de ses geisha (évidemment une connue qui rapporte beaucoup à l'okiya) et lui transmettre le titre de prochaine okaa-san.
Une geisha peut ne pas vivre dans une okiya (si elle réussit à vivre par elle-même) mais elle reste néanmoins toujours liée à l'hanamachi.
Les geishas sont en effet très liées les unes aux autres. Par exemple, en plus de suivre une formation spéciale (j'y reviendrai un peu plus tard), toute jeune femme aspirant à devenir geisha doit se trouver une "onee-san" (grande sœur) soit une geisha déjà confirmée, qui la guidera dans son apprentissage, lui donnant des conseils, lui présentant des clients...
Les deux sœurs se lient alors à travers une cérémonie appelée "san san ku do" où chacune boit trois gorgées de sake dans trois petites coupes.
C'est alors le moment pour la petite sœur d'échanger son nom contre un nouveau : son nom de geisha, celui avec lequel elle sera désormais connue (sur les conseils de sa grande sœur).
Celui-ci devra comporter selon la coutume une partie du nom de la grande sœur.
Mais avant d'être Geisha, l'aspirante doit suivre une formation, souvent depuis son plus jeune âge.
Au début, les jeunes recrues sont de "corvée de ménage" dans l'okiya. Elles sont au service des geishas déjà présentes dans la maison et prennent du galon avec l'âge.
C'est une phrase longue et difficile censée "briser" afin de préparer à la suite et ainsi commencer à rembourser la dette contractée par l'okiya pour leurs études.
Une fois cette période passée, les aspirantes geishas passent à une étude plus artistique comme le chant, la pratique d'un instrument de musique
(comme le shamisen), la danse, l'ikebana (art floral), cérémonie du thé...
Une fois cette étape passée, c'est alors que l'aspirante deviendra une "maiko", soit une apprentie geisha.
C'est ici même que son lien avec sa grande sœur sera très important, car elle apprendra tout d'elle.
(la grande sœur toucher alors un pourcentage sur ce que gagne la petite soeur)
Pendant cette période plus ou moins longue (suivant ses capacités) elle sera emmenée en compagnie de sa grande sœur à des fêtes en soirée afin de commencer à être présentée.
Elle n'aura cependant pas encore de client, et ne pourra jamais y aller sans sa grande sœur.
Et la journée elle continuera à étudier à l'école.
Pour passer enfin vraie geisha, la maiko devra avoir été jugée fin prête par sa grande sœur. Arrive alors la cérémonie du "mizu-age".
Je vais reprendre l'expression de Mameha dans le film Mémoire d'une geisha : "il arrive un âge où l'anguille d'un homme doit se promener dans la grotte d'une femme".
Et bien c'est le moment pour la jeune maiko...
La cérémonie du "mizu-age" consiste en effet à mettre aux "enchères" la virginité de la jeune maiko,
l'homme déboursant la somme la plus importante remporte le prix. (des sommes folles pouvaient être dépensées pour cela) La maiko offrira pour cela aux hommes des petits gâteaux de riz appelés "ekubo" (fossette) ils ont une petite fente avec une tache rouge équivoque (sexe de la femme) au centre qui indiquera que la maiko est prête.
Le meilleur enchérisseur pourra alors devenir par la même occasion son "danna" (maitre ou plutôt protecteur), il paiera ses prestations comme les autres clients, cependant ils lui offrira des cadeaux, des bijoux, des vêtements...
C'est aussi pour ça que le danna d'une geisha est choisi par l'okiya en fonction de sa réputation et de ses moyens
(car il ne faut surtout pas ternir la réputation de l'okiya)
Leur relation sera bien plus approfondie qu'avec les autres hommes, et la geisha aura d'ailleurs même des relations sexuelles avec son danna.
Cependant le tout restera très discret, pour une question de réputation une fois de plus.
Le danna sera d'ailleurs la plupart du temps déjà marié.
Une fois devenue enfin une vraie geisha, la maiko pourra alors troquer son col rouge d'apprentie geisha pour un col blanc de geisha confirmée.
La geisha pourra alors assister seule aux "zashiki" (banquets) qui ont la plupart du temps lieu dans des "ochaya" (maisons de thé), salons privés ou chez des particuliers.
On distingue plusieurs sortes de geisha spécialisées. Les "tachikata" (debout) ou "odoriko" (danseuse) et les "jikata" (assise) qui s'assoient pour jouer et chanter tandis que les autres dansent.
Cependant ces zashiki ne sont pas ouverts à tout le monde.
En effet il faut que le client soit capable de payer les honoraires de la geisha présente au "kenban" (bureau des enregistrement) qui redistribue l'argent aux geisha présentes, sinon c'est à l'ochaya de payer.
C'est pour ça que la plupart de temps, seuls les habitués sont admis.
L'argent que perçoit les geisha est appelé "o hana" (argent fleur) et il est proportionnel au temps passé avec les clients.
La geisha recevra un o hana quant la maiko n'en percevra qu'un-demi.
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LA GEISHA
Une GEISHA (芸者) est au Japon une dame de compagnie raffinée réservée à une clientèle très aisée, dédiant sa vie à la pratique d’excellence des arts traditionnels japonais (musique, danse, poésie, chant, théâtre, cérémonie du thé ….).
Le mot GEISHA se compose de deux Kanji (芸, GEI) signifiant «art» et (者, SHA) signifiant «personne» ou «pratiquant».
Une «GEISHA» peut donc se définir comme une «Personne d’Arts» ou une «femme qui excelle dans le métier de l’art» et ne peut être rabaissée systématiquement au rang de prostituée comme le language populaire à tendance à l’associer.
L’ouverture des maisons de thé (お茶屋 OCHAYA) dans les quartiers de plaisirs au début du 18° siècle marque le début du métier de GEISHA.
En 1779, le gouvernement japonais officialisa le métier de GEISHA et créa un bureau spécial d’enregistrement (検番 KENBAN), destiné à les recenser et à faire respecter la loi.
Celle-ci indiquait que seules les prostituées patentées pouvaient avoir des relations sexuelles avec leurs clients, et non pas les GEISHA.
Les GEISHA appartiennent au «monde des fleurs et des saules» (花柳界 KARYUKAI).
Elle doit avoir la délicatesse d’une fleur ainsi que la force et la souplesse d’un saule. Les GEISHA vivaient dans des quartiers réservés nommés HANAMACHI (花街) ce qui signifie « ville fleur ».
Même aujourd’hui les GEISHA continuent à exister après avoir en appris le métier comme apprenties MAIKO (舞妓).
A Kyoto où elles sont et ont été toujours les plus nombreuses,
elles prennent le nom de GEIKO (芸妓).
MAIKO à gauche et GEISHA à droite (différenciée par le OBI 帯 ceinture)
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Comme tout le monde le sait déjà, la geisha porte le kimono, celui-ci est plus ou moins épais selon la saison, mais une chose est sûre, c'est impossible de le mettre parfaitement seule...
Aussi les geisha se font aider pour s'habiller.
Il est noué dans le dos par un "obi" (ceinture de soie) noué différemment selon l'age de la geisha.
La tenue de la maiko et de la geisha confirmée diffèrent.
La maiko portera un kimono assez coloré, avec un obi plus clair avec des "okobo" (sandale en bois) à l'extérieur, et des "tabi" (chaussettes avec le pouce séparé du reste) à l'intérieur.
Tandis qu'une geisha portera un kimono aux dessins plus classiques et aux coueurs plus sobres. Les geisha portent alors des "zôri" ou des "geta" pour l'extérieur, et des "tabi" pour l'intérieur.
En guise de sous-vêtements, les geishas portent un "koshimaki" (couvre-hanches) c'est une bande de tissus entourée autour des hanches, suivie d'une combinaison. La combinaison doit être assortie au kimono car elle dépasse au niveau du col ainsi qu'aux pieds quand la geisha relève son kimono pour marcher.
(le fait est qu'il vaut mieux ne pas avoir envie d'aller aux toilettes toutes les heures...)
Le col est traditionnellement cousu chaque matin à la combinaison choisie par la geisha, puis décousu le soir pour être lavé.
Il est rouge pour les maiko, et blanc pour les geishas confirmées.
Le décolleté n'est pas devant mais derrière au niveau de la nuque (jugé très érotique par les hommes, comme le fait d’apercevoir un petit bout de leur poignet)
Le maquillage d'une geisha évolue avec elle.
Lorsqu’elle est maiko, son visage est lourdement fardé de blanc, tandis que cela devient plus sobre quand elle passe geisha.
Le maquillage est étalé à l'aide d'une brosse de bambou.
Autrefois, ce maquillage contenait du plomb, si bien que beaucoup
d'anciennes geishas souffraient de maladies et de problèmes de peau. De
nos jours, il est à base de poudre de riz.
Leur nuque est aussi fardé de blanc, ne laissant apercevoir qu'une toute petite partie de peau nue.
Les joues, les yeux et les lèvres sont maquillés de rose et de rouge et les sourcils et le contour des yeux sont tracés avec un bâton de charbon.
Dans ses débuts, la maiko ne va se peindre de rouge qu'une partie de la lèvre inférieure, celle du haut étant laissée blanche, avant de peindre les deux.
Pour la geisha, lors de ses débuts, il n'y a que la lèvre du haut qui est partiellement peinte de rouge, tandis que celle du bas est laissée blanche, puis avec le temps elle peut modifier son maquillage pour peindre entièrement la lèvre inférieur et surligné d'un trait celle du haut.
La coiffure des geisha sont des chignons japonais traditionnels. Les geishas se rendent chez un coiffeurs spécialisé afin d'obtenir le résultat escompté, qui doit tenir toute une semaine.
Afin de ne pas l'abimer, les geisha se sont entrainées à dormir sur des "takamakura" (repose tête) sans bouger de toute la nuit.
Les cheveux sont d'abord enduit, d'huile avant d'être cirés et tirés pour être remontés en chignon enroulé autour d'une étoffe de couleur (différente suivant où en est la geisha dans son parcours) lui donnant une forme de pêche fendue (pour la maiko avec un tissus rouge au centre, donnant une fois de plus une allure "provocante"pour ses messieurs -car c'est un nouveau clin d'oeil au sexe féminin en "fleur"-).
C'est assez douloureux et dur pour les cheveux, qu'à force, les anciennes geisha souffraient de calvitie.
De nos jours le problèmes se résout par le fait que les geishas portent le plus souvent des perruques.
Avec la 2nde Guerre Mondiale, le petite monde des geishas
s'est vu largement perturbé.
Elles sont en effet été envoyées dans les usines afin de contribuer elles aussi à l'effort de guerre et les quartiers des plaisirs sont fermés.
Une fois cet épisode terminé, en 1945 ils rouvrirent, mais la plupart perdirent tout ce qu'elles avaient, troqués et vendus pour survivre.
C'est à partir de cette période que l'image des geisha a commencé à se détériorer sur certains points, car pour survivre certaines recouraient à des moeurs plus "légères" qu'autrefois
(sans toutefois tomber dans la prostitution pour autant).
Leur nombre a depuis largement diminué, et il ne reste plus qu'à peine une petite centaine de vraies geisha au Japon.
+ : La geisha a pu être confondue avec la prostituée car elles portent toutes les deux des kimonos.
Mais pas de la même qualité et surtout, la prostituée le noue à l'avant, car c'est beaucoup plus simple pour le dénouer, faire ses petites affaires et le renouer soi-même.
Toutefois, l'interdiction de la prostitution en 1957 terminera de distinguer les geisha des prostituées.